Le respect des droits linguistiques

 

Flamandisation

La « flamandisation de l’image de la rue » (de « vernederlandsing van het straatbeeld ») a tourné à l’obsession, chez certains au Nord du pays. Le célèbre professeur de droit de l’Université de Louvain Marc Boes a rédigé une étude à ce sujet sur commande du Gouvernement flamand. La célèbre étude se termine par un modèle de règlement pour les marchés sur les places publiques, y incluant une obligation d’affichage en néerlandais, alors que la liberté de l’emploi des langues est garantie par l’article 30 de la Constitution belge, sous prétexte que les autorités communales ont le pouvoir de gérer l’occupation des espaces publics.

Est-ce pour cette raison déjà que le légumier wallon qui avait innové en venant vendre ses légumes sur la place de Fouron-le-Comte a été éjecté au profit d’un Flamand? Est-ce aussi pour cette raison que les forains qui animaient nos kermesses ne se montrent plus?

C’est sans doute cette nécessité de « flamandisation de l’image de la rue » qui nous a valu les nouveaux noms de rues parfois ridicules comme la fameuse « Schietekamer » ou la rue du 1er septembre à Fouron-le-Comte dont le seul but est de harceler la population francophone. Cela se traduit aussi par des agissements qui montrent clairement que leur volonté est de ne pas respecter la population francophone. Comment expliquer sinon l’absence de l’Action fouronnaise et de l’école francophone des Pages blanches du Guide téléphonique 51C ?

Toutes les administrations communales du pays sont mentionnées sous ce titre dans les guides téléphoniques. Pour les Fourons, c’est différent car il n’était pas concevable que « Administration communale » précède « Gemeentebestuur » et on a donc inventé des « Services communaux ».

Le complexe administratif communal s’appelle « A.C. De Voor » et n’a pas de dénomination francophone puisque le « A.C. » signifie « administratief centrum » et devait être traduit en « Centre administratif ». Dès l’entrée, cette « maison de tous » affiche déjà l’exclusion d’une partie de la population.

Accueil

Il paraît que tous les citoyens fouronnais sont accueillis dans leur langue dans ces locaux. Malheureusement, ce n’est plus le cas pour vos élus. Alors que la loi de pacification du 9 août 1988 leur accorde la connaissance irréfragable du néerlandais (notion créée pour qu’on ne puisse les inquiéter, parce qu’ils sont élus directement par la population, s’ils ne connaissent pas le néerlandais), les Flamands en déduisent maintenant que seul le néerlandais peut être parlé au conseil communal et au conseil de l’aide sociale.

Participation

Poursuivant dans cette logique, ils pervertissent aussi des organes de participation citoyenne qu’ils ont créés puisqu’ils imposent l’usage exclusif du néerlandais dans les conseils consultatifs du sport, de la jeunesse, des aînés, de l’environnement, etc. Comment est-il concevable de dire, d’une part, qu’on va demander une participation citoyenne dans des organes consultatifs, en excluant d’office une partie de la population qui est francophone?

Circulaires et formulaires

Lorsque les Fourons ont été annexés au Limbourg, le gouvernement a promis, par la  bouche de son ministre de l’intérieur de l’époque, que les citoyens fouronnais ne verraient pas le changement. C’était sans compter sur le Conseil d’État qui a annulé le mot « formulaire » dans une partie du texte à la demande de fonctionnaires francophones de Mouscron. Un formulaire est une feuille de papier imprimée à de nombreux exemplaires, contenant quelques indications et destinée à recevoir un texte court, où sont imprimées des questions en face desquelles la personne intéressée doit inscrire ses réponses (Dictionaire Robert). Depuis que H. Broers a retrouvé cet arrêt du Conseil d’État, tout est devenu un formulaire et ainsi on vous oblige à introduire votre demande exclusivement en néerlandais. Vous demandez de la mort-aux-rats, vous devez passer par la signature d’un formulaire. Où trouvez la définition du mot formulaire dans cette demande? Nulle part, cela ne sert qu’à vous priver de votre droit de le demander en français.

De la même manière, et en fonction des mêmes manies, le gouvernement flamand impose l’envoi des convocations pour les élections en néerlandais. Vous pouvez bien sûr demander à recevoir une convocation en français, mais, et rien que pour vous enquiquiner, ils vous imposent de renouveler chaque fois cette demande.

Pressions

Comme le très social président du C.P.A.S. qui impose à des personnes handicapées de se contenter de factures en néerlandais. Les pressions exercées par le C.P.A.S. sont d’ailleurs inadmissibles. Dès qu’une personne, fût-elle réfugiée politique, est domiciliée dans une commune à facilités, elle jouit des facilités et a le droit d'inscrire son enfant à l'école francophone. Cela n’a pas l’air d’être le cas chez nous. Comme le C.P.A.S. subventionne largement la maison de repos (privée) de Fouron-le-Comte, il devrait exercer un droit de regard sur les admissions et surtout sur les exclusions de certains pensionnaires de cette maison de repos.

La justice de paix (de paix?) devrait être accessible à tous. Les Franco-phones craignent de s’y rendre, même lorsqu’ils savent qu’ils sont largement en droit. C’est pourtant là qu’on aboutit lorsque les délais de paiement sont dépassés parce que des sociétés flamandes refusent de vous envoyer des factures en français. Allez croire alors que vous serez traité équitablement.

C’est encore la législation linguistique en matière judiciaire qu’on invoque pour ne pas vous envoyer un P.V. en français.

Et puis, les pressions sont telles que nos citoyens francophones, las de ces tracasseries, finissent pas accepter de signer des dossiers en néerlandais. Demander une prime communale ou même régionale, cela doit pouvoir se faire en français, tout comme la demande d’un permis de bâtir. Pour obtenir un logement social, il s’appuient sur le « Wooncode » qui impose aux candidats de connaître le néerlandais ou de s’engager à suivre des cours de néerlandais.

De même, vous vous étonnez peut-être de ne pas trouver un seul agriculteur sur notre liste. Les agriculteurs sont tellement souvent en contact avec l’administration communale, la VLM ou d’autres « V’machins » et subissent tellement de pressions que plus aucun n’ose se présenter. Profil bas quand ils vont à l’A.C. « De Voor »: « Ja, Meneer! ».

Quand l’église s’en mêle

Dernièrement la Fabrique d’église de Fouron-le-Comte (après celles de Mouland et de Fouron-Saint-Pierre) a reçu un avis de la Commission permanente de Contrôle linguistique lui disant que le panneau annonçant les travaux de restauration devait être bilingue. Qu’a-t-elle fait? Elle a enlevé le panneau et l’a remplacé par un plus grand tout aussi unilingue.

Avec les deniers publics, elle a construit une salle à côté de l’église. Cette salle n’est pas un lieu de culte sur lequel la loi linguistique ne s’applique pas, mais un équipement d’une administration publique. Son nom doit être bilingue. Allez voir et vous ne verrez que la dénomination « Parochiezaal ».

Les jeunes

Les jeunes francophones n’ont déjà pas le droit de s’exprimer au conseil consultatif qui a été créé pour eux. Ils devraient pourtant pouvoir y faire partager les problèmes qu’ils rencontrent avec les services flamands de l’emploi, des problèmes qu’ils rencontrent pour suivre une formation professionnelle. Les autorités communales devraient être à leur disposition pour chercher des solutions pour eux dans le respect de leur appartenance linguistique.

Les services

Mia Vandeperre, ancienne conseillère communale, revendiquait des pompiers flamands il y a 40 ans déjà. Le poste avancé de la caserne de Bilzen a été construit, mais quelle garantie avons-nous que les pompiers qui viendront de Bilzen pourront nous parler en français? Lorsque nous appelons le 100 (ou le 112) actuellement, nous n’avons pas droit à un interlocuteur francophone.

Avez-vous déjà parlé aux techniciens de Belgacom qui viennent dépan-ner votre ADSL? Ou au préposé de la société de distribution d’eau qui est venu récemment muni d’un carton  avec quelques mots écrits par sa femme: « Bonjour », « Je relève votre compteur », « Je ne suis incapable de parler français », « Excusez-moi ». Ce brave type aurait mérité une belle photo avec son carton.

Est-ce cela le respect que l’on nous doit?

C’est notamment pour que ces droits, qui nous sont garantis par la loi et qui ont été bétonnés dans la Constitution, soient respectés pour tous que nous vous proposons de voter RAL.

La liberté de parler notre langue, d’être traités comme citoyens dans cette langue, doit être respectée.

En demandant cela, nous n’enlevons aucun droit à personne. Au contraire, c’est dans le respect réciproque que les uns et les autres feront probablement un effort pour vivre harmonieusement ensemble.